Enchaîner 2 chroniques sur Alias, c'est mal. Oui, mais, faut-il tuer Michael Vaughn ?
C'est un épisode que mon ami N. devrait détester.
Et pour cause, lui, il est fan d'Alias.
C'est exactement pour la même raison que moi, j'ai énormément adoré cet épisode.
Lui vit avec ce fantôme récurrent de la saison 1 et n'a de cesse de vouloir que tout soit élégant. Remarquez, moi aussi, il n'y a pas si longtemps, j'avais ce souci de tout rendre élégant, ce virus dirais-je même car à terme, on pourrait aisément penser que la recherche de l'élégance est pathologique. N. m'objectera que l'on peut se contenter d'être médiocre, mais que lui a décidé d'atteindre la perfection illusoire de l'âme.
Là où lui échoue également, c'est dans la confiance sincère qui devrait s'installer entre nous, pauvre télespectateur avide, et eux, scénaristes tayloristes travaillant dans de petites salles de locaux à mourrir d'ennui. Cette confiance m'habite depuis à peu près le début de la série. Et même si parfois je suis ponctuellement déçu (le final de la saison 4 n'étant pas le summum de la perfection), je suis globalement satisfait du travail fourni. N. dira que je me contente de peu et que c'est le mal.
Et cette semaine, même si les justifications m'ont déçues ("Rachel, tu ne travailles pas vraiment pour la CIA") le tout est bien ammené.
Surtout, l'essence d'Alias, selon moi, ce n'est pas l'élégance ou le charisme des personnages, ça, on peut eventuellement le trouver dans d'autres séries, et je ne ferais qu'amplifier un matraquage déjà existant en vous recommandant de regarder Firefly (Joss Whedon 2002), non, l'essence d'Alias, c'est "l'entité jetable", ces personnages dans lesquels on se mouche ou avec lesquels on se rase puis que l'on jette dans la corbeille de la salle de bain, quitte à aller les chercher si la boite venait à se tarir.
Et cet épisode, comme le précédent, est typique de cette philosophie. Le "type à lunette" que l'on pouvait trouver agréable, voire carrément chouette, est tout simplement éjecté, au propre comme au figuré de la série, avant qu'il ne perde tout son intérêt. Car quoi de plus interressant que des personnages temporaires mystérieux. Attention, pas du mystérieux cheap, non, du mystérieux tel qu'on est intimement persuadé qu'il y a un réel mystère derrière tout ça.
Pareil pour le pseudo-SD6 où Rachel travaille. Son existence est de type kleenex. A peine l'a-t-on découvert, justification un peu trop facile de l'origine de Rachel (que jusqu'à présent je prenais pour le Mal (cf première chronique)) qu'il explose, rasé, détruit à jamais. On a décidé de ne plus être prétencieux cette année, et on a également décidé de ne plus faire l'erreur de la Saison 3 qui fut de laiser beaucoup trop de portes ouvertes. Là, c'est clair, la porte n'existe tout simplement plus.
Alors non, c'est vrai, N. aura raison, ce n'est plus Alias. On pourrait effectivement lui trouver un autre titre pour l'occasion et le promouvoir "spin-off" officiel.
Mais c'est quand même Alias. Tout comme Angel reste encore et toujours du Buffy ou Atlantis reste du SG-1, comme Le Prince de Sang-Mêlé reste Harry Potter, malgré que tout ce qu'il contient soit aussi proche de HP à l'école des sorciers que moi de Mélissa en ce moment. Et pourtant, il existe toujours un lien immatériel et permanent qui relie les premiers aux seconds.
C'est pour cette raison que l'épisode d'Alias de cette semaine est l'un des meilleurs que j'ai vu depuis bien longtemps. La dernière fois, ça devait être pendant la Saison 3...