Je definissais ce soir le concept de "uniqueness up to equivalence", cette repetition des objets dans leur espace. Pas une reelle repetition puisqu'ils ne sont pas strictement les memes, simplement le fait que, suivant le point de vue que l'on adopte, c'est exactement la meme chose : si je me fais ecraser a un carrefour a Paris ou a New York, par une Clyo ou une Chevrolet, de mon point de vue, c'est exactement la meme chose. C'est pas forcement tres gai comme exemple... Enfin bref, la est le sens. Et la compacite de la Vie (on peut toujours en extraire une suite d'evenements convergents) a encore frappe puisque c'est exactement ce que je vis de maniere, semble-t-il, perpetuelle, de l'unicite a equivalence pres. Notons que je ne fais rien pour changer cet etat de fait. Ce qui est tres mal. Oui, tres mal. Bouh !
Le meme schema unique se repete. Ce n'est pas du deja vu, mais presque.
Je lisais il y a quelques mois un roman dont je ne me rappelle plus le nom, ni celui de l'auteur, rien qui puisse l'identifier a part sa position sur la deuxieme etagere en partant du bas du pan droit de la bibliotheque de l'entree chez moi, a Garches. Le heros en est un homme immortel vivant seul sur une des planetes qu'il a concu. Il recoit inopinement des messages de ses anciennes femmes et amis, disant que ceux-ci sont toujours vivants. Dans ce meme univers, il y a des etres extraterrestres non-immortels, mais a la duree de vie incroyablement longue et capable de se deplacer le long de la dimension temporelle en esprit : ce qu'ils apprendront ils le savent deja, ce qui est deja arrive arrivera encore et la naissance et la mort ne sont jamais pour eux que les limites de l'espace quadri-dimensionnel dans lequel ils vivent. Il est possible que ce dernier fait ne vienne pas du livre mentionne ci-dessus, mais d'un autre, mais ca n'a aucune importance. Ces etres etranges ont un sens tres eleve de l'honneur, et celebrent la revanche en tant qu'art. Ils passent ainsi des centaines d'annees a placer des jalons dans la vie de leur cible pour qu'au final, lorsque viendra l'heure du passage a l'acte, tout semble s'accorder a merveille, comme une partie d'echec dont on a le transcript sous les yeux et que l'on sait que l'on va la gagner, parce que l'adversaire ne peut pas faire autrement que de suivre la predestination des coups qui le menera au mat.
Il y a cet autre livre (The Stochastic Man de Robert Silverberg) ou le hero est prescient et ne fait rien pour changer les choses, parce que c'est ce qui doit arriver, qu'il annonce le futur ou non, ce fait meme fait partie de ses visions. Si au debut, il tente de changer le cours des choses (il est conseiller de celui qui deviendra Maire de New York, l'homme le plus puissant de la planete), il abandonne rapidement, parce que, comme dans le roman precedent, l'issue est connue, elle arrivera et ses actes, dans le but de l'empecher ou non, ne seront que des etapes vers celle-ci. J'aime l'idee du roman precedent que cette issue est moins une predestination qu'un plan complique mis au point par l'un de ses ennemis.
J'aimerais beaucoup retrouver le nom de ce roman.
Et toujours, un sourire aux levres. Toujours.
edit : Isle of the dead par Roger Zelazny.