Mettez moi des heures (trois, cinq, douze) sur une chaise face à un exercice de maths et peut-être que je réussirais à en tirer un vague quelquechose.
Parlez moi de neuropsychologie de neurosciences cognitives, faîtes moi chanter du Britney Spears faux devant de parfaits inconnus, contempler Paris depuis les hauteurs, regarder un film hong-kongais sur la police secrète, écouter OuïFM en regardant le ciel (non-)étoilé par la fenêtre ou finir un bouquin, et vous pouvez être certain qu'à la fin de la journée je vous aurais obtenu un résultat potable, cohérent, et j'aurais saisi l'idée. J'ai besoin de conversation pour parvenir à saisir un concept, besoin de le mesurer face au réel, de m'écrier «mais tu es un génie !» face à quelqu'un qui vient de dire une banalité à laquelle je n'avais pas pensé, trop absorbé par le premier degré du problème. C'est encore plus efficace si la personne en face n'a aucune idée du problème que je suis en train de résoudre, ses propres déductions ne viennent pas me troubler, j'essaie d'exposer en termes généraux et c'est ce qui fait émerger le petit truc qu'il fallait comprendre.
J'ai du respect pour ceux qui parviennent à s'en sortir par la première option, et ils sont objectivement meilleurs que moi puisqu'ils ne recquièrent qu'un temps donné d'avance et eux-même, alors que j'ai besoin d'une débauche de moyens et de personnes. Mais en général les gens de la première catégorie m'ennuient, parce que je n'ai rien à leur apporter et que s'ils m'apportent, j'ai toujours l'impression d'être insondablement minable et à jamais redevable. Ce qui n'est pas un sentiment très agréable.