The smell of humidity and garbage

February 11, 2009

La dernière fois que j'ai eu cette somme d'argent sur mon compte, peut-être légèrement plus, peut-être légèrement moins, le cours du dollar fluctuant, je m'étais dit que la prochaine fois que j'aurais cette somme d'argent sur mon compte, il faudrait que je revienne m'installer, pour six mois, un an, davantage, je n'y ai pas réfléchis sur le moment.

Revenir sentir l'odeur des poubelles dans la moiteur des soirées d'été. Regarder les rats déambuler sur les rails du E à une heure du matin après une séance à l'Angelica. Traverser la rue alors que la main lumineuse ne clignote même plus parce que le feu de la voie perpendiculaire est rouge et qu'il reste encore trois précieuses secondes avant d'être irrémédiablement écrasé par un taxi.

Marcher avec quatre épaisseurs d'écharpe sur le nez sous peine de transformer ses alvéoles pulmonaires en épines de glace qui vous transpercent la poitrine. Esquiver les tas de neige boueux et les flaques à l'allure de nappe de pétrole squattant les passages piéton. Observer les écureils chercher des reliquats de glands dans le parc et les canards déambuler sur la glace du Reservoir.

Enfiler un t-shirt et un short, visser ses écouteurs dans ses oreilles et partir se fondre dans la masse des joggueurs sur la promenade le long de l'Hudson River alors que le soleil commence à disparaître derrière le relief du New Jersey. Acheter une limonade à $1 dans une fête de quartier de Greenwich.

N'accorder absolument aucune importance à l'Empire State Building, pas beaucoup moins qu'au Chrysler. Esquiver Times Square, sauf pour aller au cinéma, le Meat Packing, sauf pour montrer les mannequins aux copains et Century 21, ce dernier absolument.

On dit que c'est la crise, qu'il ne faut rien tenter de l'autre côté de l'atlantique, qu'il est impossible d'obtenir un permis de travail et que même Google licencie. Ce n'est pas le genre de choses qui m'arrêtent d'habitude. Je suis toujours persuadé qu'un individu bien informé est capable de progresser en dépit de la conjoncture, parce que bien informé, il fait les bons choix au bon moment. Ou parce qu'il fait des choix que personne d'autre ne fait alors que rien de mauvais ne peut en sortir. Il envoie son CV en juin quand tout le monde attend septembre, se fait engager puis arrive octobre et tous les postes sont alloués.

Mais ce n'est pas une question d'argent ou de job. La dernière fois que j'ai eu cette somme d'argent sur mon compte j'ai vécu 10 mois sans avoir besoin de demander quoi que ce soit à quiconque, un petit mi-temps en minimum wages pour sponsoriser le surplus de restaurants de bonne qualité.

La dernière fois que j'ai eu envie de partir à New-York, il m'a fallu deux semaines pour acheter les billets, deux semaines après ça j'aterrissais à Newark.