Chaleur

June 30, 2010

Chacune de mes pensées commence et se termine par le mot "chaleur". Tout semble rimer plus ou moins richement avec ce mot, c'est le premier qui me vient aux lèvres quand on me demande machinalement "ça va ?" - "chaleur !".

Je ne peux rien faire, je suis annihilé par cette excitation thermique. J'ai le souvenir de vacances à Barcelone, à Houston, en Toscane, en Guadeloupe ou en Croatie, moi, absolument affalé sur mon lit ou dans un hamac, cherchant le moindre souffle d'air à l'ombre d'un arbre ou du auvent de la terrasse, une pile de romans à portée de main pour oublier qu'on ne peut pas penser par cette chaleur.

Le ciel est bleu, le soleil brille, c'est joli. On dirait une toile d'un des artistes du marché local. Tellement cliché qu'on dirait du faux, à se demander si on n'est pas au cœur du Truman Show. Les rayons irradient les briques de la terrasse, la chaleur vient de partout. Chaleur, chaleur, chaleur. Mes yeux sont éblouis par les réverbérations sur l'eau de la piscine, j'ai oublié mes lunettes de soleil, et mon cerveau par la température. C'est l'été, je ne sers à rien par cette chaleur.

Je suis dans un bureau, la fenêtre est grande ouverte. Derrière moi, un ventilateur tente péniblement de déplacer de l'air chaud vers moi, la seule infime sensation de fraîcheur créée aux instant où cette faible brise heurte les perles de transpiration qui coulent le long de mon dos réchauffé par mon fauteuil rembourré. Mon écran fond sous mes yeux, tout se liquéfie, et la canette de Coca à peine entamée à porté de ma main est déjà imbuvable de chaleur.

Je rêve de pieds dans l'eau et de serviettes humides savamment disposées sur mon corps. Je repense à Lawrence d'Arabie traversant les Tuileries sous le cagnard de midi. Faire demi-tour c'est la mort dans ce désert de poussière, mais peut-être au-moins a-t-on le soulagement de ne plus subir cette chaleur.

En attendant l'orage salvateur.