Littérature

August 2, 2010

« Je suis née trop tard » me lâche-t-on au détour d'une conversation. « Je ne peux plus écrire, d'autres l'on fait avant moi... »

Je réfléchis un instant et à la fenêtre, mon portable sur les genoux, je fais descendre la cendre de ma cigarette vers les profondeurs de la cour. De l'autre côté du grand vide, un voisin écoute du jazz manouche, il succède à un autre qui écoutait du Joe Dassin (« Il est mort, Joe Dassin ?»). L'odeur de la crême fraîche est encore présente par moment et je lui réponds (à "on", pas à la crême fraîche) qu'il ne faut pas s'inquiéter, que des gens ont certes écrit sur la littérature, mais que ceux-là même qui sont adorés se sont heurtés à la même terreur d'être nés trop tard. On n'est jamais né trop tard. On peut être né trop tôt, ne jamais avoir le loisir de lire ce qui sera écrit. Mais quitte à être né maintenant, autant en profiter pour être ce passé que les suivants regretteront (un instant, à tort) de ne pas avoir pu être.

Frissonements, je ferme la fenêtre. Je coupe les Dandy Warhols et chacun s'en va se coucher.