amitiés

June 18, 2025 — General

Comment est-ce qu’on se fait des amis quand on a 40 ans ?

Je me place plus facilement de l’autre côté de la question, d’habitude. Je suis sociable, j’aime prendre la parole en publique, parler à des inconnus en soirée pour le moindre prétexte. Je suis celui qui donne les conseils à ceux qui veulent se faire des amis.

Je n’ose pas rappeler mes amis. Je ne sais plus si aujourd’hui ceux que je considère comme mes amis me considèrent toujours comme le leur tellement le temps a passé. J’ai laissé coulé, je n’ai pas donné de nouvelles. L’autre jour Elle m’a dit qu’elle avait compris que si je n’avais pas de famille c’était par choix. Le Choix de ne pas donner de nouvelles pour ne pas qu’on m’en demande. La distanciation par refus passif de faire l’effort de maintenir le lien de l’échange quotidien qui renforce vertueusement la relation et crée le groupe famille.

Je dis souvent que « je n’ai pas de famille » et puis je raconte mes histoires et même ma psy qui a dû en voir d’autre a dit « wow, vous avez quand même une sacrée famille ». Je dis souvent que je n’ai pas de famille, et que pour moi l’amitié est plus importante. Mais en prenant du recul, est-ce que c’est si vrai ? Est-ce que ce n’est pas une posture que j’ai prise pour justifier de ne pas regarder plus loin que l’effort que ma fatigue permanente depuis huit ans me permet.

C’est fatigant d’avoir des enfants. On le répète mais tout le monde s’en fout. On est les premiers à s’en foutre quand on n’a pas d’enfant et on est pas loin quand les autres parents le disent aussi. C’est fatigant, usant même, on n’a pas la place pour les autres, pour les amis, sauf si on a construit dès le départ une dynamique qui les inclue. Ça n’a pas été mon cas. Le cocon s’est fait aux dépens des amis. J’en ai souffert, je m’en suis remis, un peu, je l’ai cru en tout cas. Mais force est de constater que de la famille et des amis, il ne reste aujourd’hui plus que les enfants. Et on ne peut pas être amis avec eux, ce n’est pas une posture tenable si l’on souhaite participer de leur éducation, il faut être un parent. Ça n’exclue pas les bons moments, mais ce ne sont pas des moments de partage d’amitié. Et puis on a trente-deux ans d’écart eux et moi, c’est un gouffre.

Il se passe beaucoup de choses dans ma vie en ce moment, et c’est terrifiant de constater sa propre solitude.

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